NI A GOMZ

BREZHONEG

gwell pe well

 

NOUS PARLONS BRETON

à qui mieux mieux

 

 

 

Ar fazioù stankañ

graet gant

an nevezvrezhonegerien

 

Les erreurs les plus fréquentes chez les néobretonnants

 

***

 

Ce « catalogue »  est destiné aux Néobretonnants qui souhaitent améliorer leur expression écrite ou orale en langue bretonne.

Les erreurs signalées ici, toutes relevées dans des conversations ou des devoirs d’étudiants s’estimant « déjà bretonnants », sont hélas ! passablement répandues.

Il est certain que tous ne reconnaîtront pas leurs défauts dans ce catalogue, tant il est vrai que tout le monde ne fait pas les mêmes erreurs, tous les niveaux de connaissances et toutes les pratiques ne sont jamais égales.

 

Pas question de reprendre ici le travail des manuels, ni de résumer les grammaires, encore moins les dictionnaires, alors qu’il faudrait encourager à les fréquenter davantage tous ceux, trop nombreux, qui croiraient pouvoir s’en passer.

Cependant, si le besoin s’en fait sentir, ces pages pourront être développées dans des éditions ultérieures.

Ceux qui utiliseront le breton professionnellement, et surtout avec des enfants, mais aussi les bretonnants simplement concernés par l’avenir de la langue bretonne, leur langue, n’auront évidemment pas attendu ce conseil.

 

Mark Kerrain

 

 


 

I.                   GENERALITES

 

-Confusion(s) générale(s).

            Suivant le degré de connaissance des étudiants les confusions sont assez fréquentes, et notamment entre :


í     les noms masculins et féminins

í     certains adverbes

o       amañ et aze, et donc -mañ et -se

o       ken et kement

í     les temps du verbe

o       imparfait et passé simple

o       la forme d’habitude de bezañ et kaout

í     les particules verbales

o       a et e,

o       ne et na

í     certains verbes

o       bezañ et kaout

o       bezañ et mont

o       mont et dont

o       kas et degas

o       karout et kavout

o       gwelout / sellout (ouzh) et klevout /selaou

í     certains possessifs

o       e et he, et ho et o

í     certaines prépositions

o       les prépositions e (situation), eus (origine), da (direction)

o       da et gant

o       da et o

o       da et e

o       da et evit

o       evel et eget

í     le complément direct et le complément indirect

í     a et da (anezhañ / dezhañ)

í     interrogatifs et conjonctions

o       pegoulz et pa

o       pelec’h et e-lec’h ma


 

 

Et la liste bien sûr n’est pas exhaustive.

 

D’OỪ VIENNENT ERREURS ET CONFUSIONS ?

Les erreurs et confusions relevées sont

í     dues parfois au flou (peu artistique) de connaissances nettement superficielles[1], vernis linguistique encore bien loin de la maitrise de la langue quand on en est à confondre ha et hag par exemple ;

í     souvent provoquées par l’influence, trop sous-estimée chez les apprenants, des schémas linguistiques français, sur des personnes monolingues ne pratiquant le breton qu’insuffisamment[2], et n’utilisant les dictionnaires que trop rarement, et souvent sans discernement ;

í     également générées par le contact avec des modèles fautifs d’origines diverses, radiophoniques, scolaires ou autres.

 

Elles sont évitables avec

í     un peu d’attention,

í     plus de pratique,

í     mais, avant tout, des connaissances plus solides qui ne s’acquièrent que par le contact, écrit[3] comme oral, avec de bons bretonnants.

 

Sinon il vaut mieux reprendre l’étude (complète !) d’un manuel d’apprentissage, Ni a gomz brezhoneg[4] (NAGB) ou un autre, et d’en faire systématiquement les exercices.

 

 

II.                MUTATIONS

 

¨      OUBLIS

Etudiées dans tous les manuels, elles sont souvent oubliées, surtout après :

Ø      l’article[5],

Ø      les possessifs

Ø      les nombres daou, div, suivis de mutations adoucissantes, tri, teir, pevar, peder, nav, suivis de mutations spirantes) ;

Ø      ainsi qu’après pa, ma, et holl, re, etc.

Simple manque d’entraînement, ou totale méconnaissance ?

 

¨      ABUS

Par contre, il ne faut pas en faire après e, préposition, ni après na, conjonction de coordination.

Ø      E Brest hag e Montroulez.

Ø      Na debriñ na kousket.

 

¨      CONFUSIONS

On confond parfois :

í     ma possessif (mutations spirantes, ® ma zi) et ma conjonction (mutations mixtes, ® ma tremenan) ; 

í     e préposition (sans mutation, ® e Breizh), e possessif (mutation adoucissante, e vreur) et e particule verbale (mutation mixte, e veajan) ;

í     na conjonction de coordination (sans mutation, na te na me) et na particule verbale de l’impératif négatif (mutation adoucissante, na gomzit ket).

 

Les manuels de débutants, et l’ouvrage « Kemmadur ha Plijadur[6] »  proposent des exercices à ce sujet.

 

 

III.             ARTICLE

 

On en explique l’utilisation et l’omission dans les premières leçons de tous les manuels.

 

-CONFUSION

Le pronom unan n’est pas un article, et ne peut être placé devant un nom. On dit un den, et non pas *unan den.

 

-OMISSION

Il s’omet principalement dans les 3 cas suivants :

ð     en s’adressant aux gens : Dañsomp, paotred !

ð     devant le nom que suit un complément de nom : tud ar vro

ð     avec ebet : Ne welan den ebet.

Jamais d’article aussi :

ð     avec les noms de repas lein, merenn, koan et leurs dérivés : Petra zo da goan ?

ð     dans les expressions komz galleg, gouzout brezhoneg ;

ð     avec egile ou eben : Komz a raemp an eil gant egile (an eil gant eben).

 

 

IV.              NOMS

 

-CONFUSION DE GENRE

Le genre des noms bretons n’est évidemment pas destiné par nature à être le même que celui des mots français équivalents. Ainsi par exemple (liste non exhaustive bien sûr) :

¨      sont masculins alc’hwez, bloaz (et donc bloavezh), dorn, douar, dour, genou, karr, kleñved, lizher, maen, menez, mor, penn, prenestr, seurt, teod, ti, tour, yec’hed ;

¨      sont féminins bag, brec’h, bro, gwezenn, kalon, karreg, kontell, mantell, micher, milin, moger, paner, roc’h, skouer, stad, toenn, tro ;

¨      sont l’un et  / ou l’autre (voir manuels de grammaire) aer, amzer, avel, tra. Ainsi on dit

Ø      daou dra, mais un dra vat.

Pour la plupart de ces mots, la mutation (ou non-mutation) doit permettre d’éviter les erreurs, notamment dans l’utilisation des marques personnelles dans les prépositions :

Ø      An ti-se n’eus den ebet ennañ.

Ø      Ar vro-mañ n’eus den ebet enni.

 

Il sera utile d’étudier les suffixes afin d’éviter certaines erreurs grossières, comme *ar bolitikerezh (au lieu de ar politikerezh), relevée sur la couverture du mensuel Bremañ, le suffixe erezh étant masculin.

 

-CONFUSION DE NOMBRE

            On n’utilise pas le pluriel après

ð     les nombres : daou baotr, div blac’h, tri martolod yaouank[7], tri bugel warn-ugent, naontek dogan ha pevar-ugent[8].

ð     meur a : on dit meur a zen (mais kalz tud).

 

-Tamm et banne.

            Si ces deux termes peuvent être traduits par (un) peu, il ne faut pas en conclure qu’ils sont équivalents, puisqu’on utilise tamm devant les solides, et banne devant les liquides.

Ø      Un tamm kig, ur banne dour. Jamais *un tamm dour.

 

-Tu (ou moien) = moyen.

            Tu zo / N’eus ket tu indiquent la capacité ou l’incapacité (il y a / il n’y a pas moyen).

Ø      Tu zo dit da brestañ da garr ?

Ø      N’eus ket tu, er c’harrdi emañ.

Le verbe gallout pourrait aussi bien être utilisé ici.

Mais jamais la construction avec tu ne peut être utilisée pour demander une permission !

 

-Tud.

Il n’est malheureusement pas superflu de rappeler que tud est le pluriel de den.

Ø      N’eus ket tud. N’eus den ebet.

Les pluriels irréguliers étant assez nombreux, il est conseillé de les étudier dans un ouvrage de grammaire.

 

 

V.                 ADJECTIFS

 

-EBET

            Il faut malheureusement rappeler que *tud ebet est une aberration totale, ebet n’étant jamais précédé que d’un nom singulier : den ebet.

            De plus les phrases contenant ebet sont des phrases négatives, ou semi-négatives :

Ø      N’eus den ebet en ti.

Ø      N’em eus gwelet bugel ebet.

 

-KROG

            On dit krog on pour j’ai commencé, krog e oan pour j’avais commencé.

Ø      Ne oan ket krog da gerzhout c’hoazh.

 

-MEMES.

            On l’utilise avec ha, ( mais jamais avec la préposition eget !), comme dans le comparatif d’égalité  (on peut comparer avec l’anglais same … as)  :

Ø      Lenn a ra ar memes levrioù ha me.

            En Trégor on remplace ha par evel.

Ø      Ar memes tra eveldout.

 

-POSUBL.

            On l’utilise ainsi

Ø      Posubl eo. Posubl eo mont bremañ.

Noter que l’infinitif, ici sujet, ne peut être précédé de la préposition da, contrairement à une pratique fautive trop courante chez les débutants.

Ce qui peut se dire également, tournure très recommandable :

Ø      Gallout a reomp mont bremañ.

Mais jamais la construction avec posubl ne peut être utilisée pour demander une permission !

 

-RET.

Cet adjectif indique l’obligation :

Ø      Ret eo mont bremañ.

            Noter que le sujet du verbe est l’infinitif, jamais précédé de la préposition da.

            L’obligation peut être personnalisée à l’aide de la préposition da :

Ø      Ret eo da Yann echuiñ e labour.

Ø      Ret eo din chom amañ.

 

 

VI.              PRONOMS

 

-PRONOMS ET COMPLEMENT DIRECT.

·        C’est la préposition a, dans ses formes personnelles, qui fait fonction  de pronom complément direct dans tous les cas, sauf un : jamais en tête de phrase. On dira donc :

Ø      Gwelet em eus ac’hanoc’h er marc’had gant ur garrigellad avaloù, mais

Ø      C’hwi am eus gwelet er marc’had gant ur garrigellad avaloù, et non *Ac’hanoc’h am eus gwelet. 

 

·        Il existe cependant deux systèmes plus anciens.

  1. Dans l’un le possessif a le rôle de complément direct.

Ø      Ho kwelet em boa dec’h da noz o nijal gant ar sorserezed all.

  1. Dans l’autre, mais à l’impératif seulement, c’est le pronom sujet qui a ce rôle de complément direct.
Ø      Kemerit-me pe laoskit-me.[9]

 

-CONFUSION DE FONCTION

·        On ne peut pas dire *Gwelet em eus dezhañ, qui n’a pas de sens, mais on doit dire gwelet em eus anezhañ ou e welet em eus.

·        De même on ne peut pas dire *va mousc’hoarzhet hoc’h eus (comme dans un texte de Charlez an Drev, chanté par Servat dans le disque Buhez de Christian Desbordes) quand il faudrait dire mousc’hoarzhet hoc’h eus ouzhin.

 

Ces deux erreurs proviennent de la confusion des compléments direct et indirect.

 

-PASSIF

Parce que construit avec le verbe bezañ (être) le passif ne peut avoir de complément direct. On dira donc

Ø      Ne vezan ket gwelet, et non pas *ne vez ket gwelet ac’hanon, phrase agrammaticale.

 

 

HINI

·        On n’emploie pas hini devant les démonstratifs -mañ, -se, -hont.

            Au lieu des aberrations *an hini-mañ, *an hini-se, *an hini-hont on dira donc hemañ, hennezh, henhont au masculin, ou homañ, honnezh, honhont au féminin.

·        Puisque pronom, hini peut être masculin ou féminin.

Dans ce cas, comme un nom féminin, il fait muter l’adjectif qui le suit. On ne confondra pas :

Ø      An hini kozh, an hini gozh.

 

UNAN

            Le pronom unan, qui ne doit pas être confondu avec l’article indéfini (ul, un, ur), est soit masculin, soit féminin, et peut donc provoquer la mutation des adjectifs qui le suivent :

Ø      Un ti bras, unan bras.

Ø      Ur plac’h kozh, unan gozh.

Voir dans une grammaire les mutations des adjectifs épithètes.

 

 

VII.           ADVERBES

 

-Place de l’adverbe de fréquence.

Si en français l’adverbe de fréquence peut se mettre au milieu de la structure verbale ( j’ai souvent mangé, tu n’as jamais entendu) ceci est impossible en breton. L’adverbe, de fréquence, de lieu, ou autre, se met ou en tête ou en fin de phrase, avant ou après le verbe.

¯        Alies em eus debret en e di, jamais *Me am eus alies debret en e di.

 

biskoazh, biken, gwech ebet, morse.

On utilise les adverbes biskoazh dans un sens passé, biken dans un sens futur, et gwech ebet ou morse au présent comme dans tous les cas, mais toujours avec un verbe négatif, ou semi-négatif (sans ket).

¯        Biskoazh n’em boa c’hoarzhet kemend-all ‘vel e Poullaouen en deiz all.

¯        Biken ne welin anezhi ken.

¯        Gwech ebet ne sav a-raok kreistez.

Quand il sont placés devant le verbe on doit omettre le ket négatif.

Quand il sont placés après le verbe l’omission de ket n’est pas obligatoire dans la langue parlée.

¯        N’em boa ket c’hoarzhet evel se biskoazh.

 

On dira

1.      N’eus ket bet kangouroued e Breizh biskoazh, ou bien

2.      Biskoazh n’eus bet kangouroued,

mais *N’eus biskoazh bet est une traduction littérale, et fautive, du français il n’y a jamais eu.

 

DI. Adverbe de lieu et de mouvement. Voir ENO.

 

DISUL

            Les noms des jours commençant par di sont des adverbes de temps.

Ø      Disul diwezhañ e oan o nijal a-us d’an Everest, disul kentañ e vin o pesketa en  Eusa, mais on dit

Ø      Ar Sul zo hiziv hag al Lun a vo arc’hoazh, car il s’agit ici d’un sujet.

 

ENO et DI

            Ces deux adverbes de lieu, que l’on peut traduire par y en français, s’utilisent différemment : eno avec un verbe sans mouvement, di avec un verbe de mouvement.

Ø      Bet on en Enez Eusa, hag eno em eus debret bezhin.

Ø      Prest on da vont di adarre.

           

ETA (aussi ENTA ou ‘TA).

1.      C’est généralement un adverbe d’insistance, souvent traduit par donc, qui suit le mot, ou groupe, sur lequel il porte. Il n’est donc jamais placé en tête de phrase :

Ø      Deus ‘ta ! Sell ’ta piv !

2.      Ne pas confondre avec le donc français de conséquence, généralement traduit par les adverbes a-se, rak-se, gant-se ou neuze :

Ø      N’ouzon ket piv eo, gant se n’hallin ket kontañ e vuhez dit.

3.      Cependant eta peut aussi avoir une valeur de conséquence :

Ø      Bremañ ‘ta eo echu da studioù ?

 

KALZ

            On dit kalz bara, ou kalz a vara, bara étant un nom indénombrable.

Cependant, kalz est suivi du pluriel des noms dénombrables. On dira donc kalz tud, ou kalz a dud.

Mais meur a vanne !

 

KEN

Il existe plusieurs mots ken, dont deux adverbes :

 

-Ken (plus) après un verbe négatif :

Ø      N’eus ket bara ken.

Ø      N’em eus ket gwelet anezhañ ken.

            C’est ce mot que l’on trouve dans hepken, nemetken (sans plus, seulement).

 

-Ken  (si, tant) s’utilise devant un adjectif :

Ø      N’eo ket ken sot ha te.

Ø      Ken  brav int !

 

KEMENT (a), tant, autant, s’utilise devant un nom.

Ø      N’eus ket kement a dud hiziv.

Ø      Kement a drouz zo ma ne glevan ket ac’hanout.

 

 

NEBEUT

            Ne pas confondre nebeut a dud, peu de gens, et un nebeud tud, quelques personnes.

 

RE, trop. Devant un adjectif : re vihan out. Devant un nom : re a dud zo.

 

 

VIII.        VERBES

 

-ACCORD DU VERBE

            Même si, différente du français, elle est source de nombreuses erreurs, il n’en reste pas moins que la règle d’accord est simple :

a) Règle de base : le verbe ne s’accorde pas avec le sujet ( il reste à la 3è personne du singulier),

Ø      Me zo klañv.

Ø      An dud a oar komz brezhoneg amañ.

Ø      Ne gan ket fall ar merc’hed-se.

b) Exception : mais il s’accorde à la forme négative si, et seulement si, le sujet est placé devant le verbe.

Ø      Ne c’hall ket an dud labourat. / An dud n’hallont ket labourat.

Ø      Tud zo a oar brezhoneg ha ne gomzont ket o yezh ouzh o bugale !

c)      Cas particulier : avec le verbe kaout il y a toujours accord : 

Ø      C’hoariet mat o deus ar vugale.

 

Les formes *me e ran ou *te e c’hallez, récentes inventions calquées sur le français, sont à proscrire.  Et à extirper avant contagion.

 

-PLACE DU VERBE

I.        Le verbe conjugué vient en deuxième position dans la phrase affirmative.

Ø      Skuizh on.

Ø      Kousket a ran fall abaoe eizhtez.

Les phrases du genre *eo me, *ez eus un den, *em eus gwelet ur wech, *e tebran mat er skol, ou dans un autre genre *me, mont a ran, n’ont plus rien à voir avec la syntaxe bretonne.

 

II.      Après une conjonction de subordination (pa, ma, peogwir, ou autre) le verbe est conjugué.

Ø     Pa ganin fenoz …

Ø     Ma tañsez …

Ø     Peogwir e c’hallont neuial …

Les phrases du type *pa mont a ran, *peogwir bez ez eus, *ma glav a ra, sont inconnues en breton, ne sont donc pas non plus acceptables.

En cas de besoin il faut revoir d’urgence l’étude de ces mots dans un manuel.

 

-CONJUGAISON

-Infinitif.

Nombre d’étudiants, sous l’influence de la langue parlée, mais parlée dans certaines régions uniquement) ont tendance à ignorer les marques infinitives de certains verbes. Il n’est donc pas inutile de rappeler qu’on écrit gallout, soñjal, lavarout.

 

-L’infinitif négatif.

¨      Il se traduit généralement par chom hep + infinitif.

Ø      Pour ne pas attendre trop longtemps, evit chom hep gortoz re.

¨      Il existe également une tournure na + infinitif + ket, rare, d’un niveau très soutenu :

Ø      Evit na zebriñ ket.

 

-L’infinitif passé se fait avec le verbe bezañ.

Ø      Aet eo da vreur d’an ostaleri goude bezañ lonket ma boutailhadoù gwin.

 

-Forme négative.

            On utilise la forme négative avec les négatifs biskoazh, biken, ebet, netra, nemet, etc.

Ø      Biskoazh n’em boa gwelet anezho.

Ø      Biken ne gomprenin penaos e rit.

Ø      Ne labourin gwech ebet. Ne lavaront tra ebet.

Ø      N’eus netra aes er vuhez.

Ø      N’ho po nemet gortoz.

On ne dit donc pas

Ø      *Den ebet zo deuet, mais N’eus deuet den ebet.

 

-UTILISATION DES TEMPS

            L’utilisation des temps verbaux est presque la même en breton qu’en français. Presque, mais pas tout à fait. En voici quelques exemples.

 

-Futur

            1. Le français admet le présent quand le breton exige le futur.

ü      Lundi je vais à Vannes, dilun ez in da Wened.

ü      Demain on rase gratis, arc’hoazh e vo lamet ar barvioù evit mann.

2. On utilise le futur pour proposer à manger ou à boire :

Ø      Petra ho po d’evañ ? Ur banne kafe ac’h ay ganeoc’h ?

3. Noter par ailleurs les expressions au futur :

Ø      Petra ‘ri ? Que veux-tu, qu’y puis-je ?

Ø      Evel a gari, comme tu veux, ou comme tu voudras

Ø      Pa gari, quand tu voudras

 

-Passé composé

Le passé composé breton s’emploie presque comme le temps du même nom en français. Mais il ne peut pas être utilisé pour n’importe quels évènements du passé.

Ainsi on dira

Ø      Baleet em eus ma aligator hiziv, mais

Ø      Baleet em boa ma aligator dec’h.

En français, quelque soit le jour, le temps sera le même. Mais en breton le passé composé ne peut être utilisé que dans un contexte présent, avec hiziv, er mintin-mañ, er sizhun-mañ, er bloaz-mañ …).

Le français utilise le passé composé quand le breton exigera le plus-que-parfait, dans un contexte passé.

 

-Plus que parfait.

Le plus que parfait est le temps normal du récit en breton, et celui du contexte passé, avec dec’h, disul, en deiz all, warlene. Il correspond donc à la fois au passé simple français (dans un style relevé) et au passé composé français (dans un style simple).

Ø      Dec’h e oan aet da verc’heta da Vreniliz, met tro wenn am boa graet.

 

DE QUELQUES VERBES

 

-Verbe bezañ

-Confusion au présent  entre emañ / eo / ez eus / zo.

1°) Après le sujet, toujours zo.

Ø      Ur c’hazh zo e-barzh ar wezenn.

Ø      Eñ zo yac’h, ha me zo en ospital.

 

2°) Avec un sujet défini placé après, toujours eo ou emañ :

a) soit emañ après le complément de lieu ou le gérondif:

Ø      E-barzh ar wezenn emañ ar c’hazh.

Ø      O tebriñ buzhug emañ ar pesketaer.

b) soit eo après un attribut du sujet :

Ø      Piv eo prezidant Bro-Alamagn ?

Ø      Honnezh eo da c’hoar ?

 

3°) Toujours ez eus / n’eus ket dans les cas suivants :

a) avec un sujet indéfini placé après le verbe:

Ø      War an olifant ez eus ur c’hazh (ou ez eus tri den).

Ø      Gant Tarzan ez eus bet dornet kalz tud.

La langue parlée hors Leon utilise ici zo.

Mais jamais *emañ ur c’hazh, ni *emañ tri c’hazh. Par contre emañ ar c’hazh, ou emañ an tri c’hazh.

Autres exemples :

Ø      N’eus netra vat en ti-mañ.

Ø      N’eus deuet den ebet.

Et jamais *Netra n’eo mat, ou *N’eo deuet den ebet car on ne peut utiliser eo avec un sujet indéfini !

 

b) avec un infinitif

Ø      Lavaret ez eus dit mont d’ar gêr. N’eus ket lavaret dit dont ganimp.

 

4°) C’est une faute, hélas courante, de confondre eo et  ez eus dans les cas suivants :

Ø      Digoret ez eus bet ur skol nevez, soit ez eus + sujet indéfini ;

Ø      Digoret eo bet ar skol nevez, soit eo + sujet défini.

 

5°) Autre erreur courante que d’utiliser bez ez eus avec un sujet défini, et notamment des noms propres.

·        On ne dira donc pas *bez ez eus ar re a labour, quand il faudra dire soit bez emañ ar re a labour soit bez ez eus re a labour.

·        De même on ne dira pas *bez ez eus Fañch Broudig o kanañ, mais emañ Fañch Broudig o kanañ, si une éventualité aussi redoutable se présente vraiment.

 

Revoir aussi les kentelioù (de 2 à 14) de NAGB, et les exercices complémentaires de Troit e Brezhoneg[10].

 

-Utilisation des formes d’habitude (ou fréquentatives),

            Seuls les verbes bezañ et kaout ont des formes d’habitude, au présent comme au passé. Elles sont nécessairement utilisées :

í     avec des adverbes de fréquence :

Ø      Re a dud a vez atav. Sec’hed am bez a-wechoù.

í     avec la temporelle de fréquence :

Ø      Pa vez yen… P’am bez amzer da lenn …

í     dans la subordonnée conditionnelle de sens futur :

Ø      Ma vez brav ez in da neuial.

Voir si besoin les kentelioù 28 & 29 de NAGB

 

-Utilisation de la voie passive.

            Le breton utilise la voie passive bien plus que le français. Ainsi la phrase active

Ø      Gounezet he deus Soaz kalz arc’hant

            qui contient sujet + COD, sera-t-elle considérée comme maladroite, et on lui préférera

Ø      Gounezet ez eus bet kalz arc’hant gant Soaz, ou

Ø      Kalz arc’hant zo bet gounezet gant Soaz

 

-Confusion bezañ /  kaout.

            Au passé composé certains verbes (intransitifs) utilisent l’auxiliaire bezañ, comme bezañ, mont, dont, chom, ainsi que kouezhañ, pignat, diskenn, dimeziñ, paouez, fellout, etc :

Ø      Bet on e Slovenia. Aet int da baotreta. Chomet out er gêr.

Au plus-que-parfait il en est de même :

Ø      Bet e oan o pesketa. Aet e oamp da skiañ.

La majorité des verbes utilise cependant l’auxiliaire kaout, et notamment tous les transitifs.

Ø      Kousket em eus e-pad ar gentel. Neuiet em eus betek ar vag-hont.

 

-Confusion bezañ / mont :

            Bezañ n’est pas un verbe de mouvement, contrairement à mont, et ne peut donc pas être suivi de la préposition da (sauf cas très particulier). On dira :

Ø      Bet on e Kemper o welout ma mamm-gozh.

Ø      Aet int da Washington da welout Monica Lewinski.

            La confusion de ces deux emplois, pourtant  différents, est une faute des plus courantes. Ce mauvais exemple, proposé jusque dans certaines émissions de radio ou télévision, n’en fait pas pour autant un modèle à suivre.

 

            Normalement aet on signifie « je suis allé, parti », et donc ne peut être utilisé à la première personne. On dit

Ø      Aet eo da Vro-Spagn. Ce qui signifie qu’il y est toujours.

Ø      Bet on e Bro-Skos. Ce qui signifie que vous y avez été temporairement, et en êtes revenu.

Ø      *Aet on da Iwerzhon signifierait que vous êtes parti en Irlande et y êtes toujours, et donc que vous ne pouvez être ici pour le dire. A éviter donc.

            Cependant, par anticipation, aet on s’utilise pour dire « je suis parti, je m’en vais », pour annoncer son départ imminent.

Ø      Kenavo, tudoù, aet on d’ar gêr !

Mais on dira aussi bien :

Ø      Emaon o vont d’ar gêr.

 

-En em.

Le français utilise des verbes pronominaux bien plus souvent que le breton n’utilise en em. On dit bien :

Ø      Plijout a ra dezhañ en em gannañ.

Ø      En em gavout a raimp dirak ar porzh.

Ø      N’en em glevont ket mat.

Mais on n’utilise généralement pas en em avec des verbes comme dihuniñ, faziañ, klemm, pourmen, sevel, tevel :

Ø      Pa zihunan re abred ne savan ket diouzhtu.

 

-Le verbe gallout.

Souvent confondu, par les tout débutants, avec gouzout, le verbe gallout est trop largement sous-utilisé. Il exprime :

1. la possibilité,

Ø      Gallout a ri votiñ pa vi bras.

Ø      N’em eus ket gallet dont abalamour d’an amzer fall.

2. la permission.

Ø      Gallout a ran kemer ur gador ?

Ø      Gallout a rafen kaout un tamm kig c’hoazh ?

Les constructions avec posubl, ou tu (ou moien), ne peuvent être utilisées à tous propos, et en tout cas jamais pour demander la permission..

 

-Le verbe kregiñ

            On dit kregiñ da labourat, mais kregiñ gant ul labour.

            J’ai commencé se traduit par krog on.

Ø      Krog out da gompren ? Krog on gant ar gentel gentañ.

 

-Les verbes karout / kavout / plijout.

Pour comprendre la différence de ces mots il suffit de revenir à leur sens premier, réel, au lieu de vouloir absolument que ces verbes suivent le modèle du français et traduisent également aimer.

¨      Seul karout signifie aimer.

Ø      Karout a ran ar gwin hag ar merc’hed.

¨      Kavout signifie trouver, et s’associe à divers adjectifs, surtout mat, gwelloc’h, fall, brav.

Ø      Kavout a ran mat krampouezh da vamm.

Ø      Ne gavan ket fall gwin da dad.

¨      Plijout signifie plaire, et est utilisé avec la préposition da. Voir la Kentel 24 de Ni a gomz brezhoneg (Grammaire et exercices).

Ø      Plijout a ra din levrioù Barbara Cartland. Ne blijont ket dit ?

Noter que plijout a ran, utilisé parfois mal à propos, signifie je plais, sans préciser à qui.

 

-Karout signifie aimer mais aussi vouloir (comparer à l’espagnol querer).

Ø      Ma karez, ou ma kerez, si tu veux.

Ø      Ma karfes dont, si tu voulais venir

Ø      Pa gari, quand tu voudras

Ø      Evel a gari, comme tu voudras, traduit aussi comme tu veux)

 

-Paouez.

L’on confond souvent les 2 constructions du verbe paouez.

            1. Le verbe paouez, cesser.

Ø      Paouez da ouelañ. Cesse de pleurer.

Le passé composé se fait avec l’auxiliaire bezañ.

Ø      Paouezet on da vutuniñ, j’ai cessé de fumer.

2. Le passé récent (venir de faire qqc) se construit avec o paouez + infinitif (sans da !).

Ø      Emaon o paouez echuiñ al levr.

Ø      Ar maer zo o paouez lavarout an dra-se din.


 

IX.              PREPOSITIONS

 

Ces petits mots, en breton comme dans toutes les langues, ont toujours une importance considérable et ne sont jamais d’abord facile pour le novice. L’utilisation qui en est faite révèle donc le degré de maîtrise de la langue.

C’est aussi un vaste sujet dont on ne peut donner ici qu’un aperçu, étant donné le nombre élevé de prépositions et locutions prépositives (environ 300 en breton), même si elles n’ont pas toutes la même importance.

Précisons encore une fois qu’il n’est tenu compte ici que des problèmes qui se posent le plus souvent aux étudiants, sinon il faudrait consacrer un ouvrage entier à ce seul sujet.

 

Deux principes de bases à retenir :

í     Les prépositions simples se déclinent (ce qui ne consiste pas à placer me, ni ac’hanon après chacune !) : dirakon, ennon, hepdon

í     Avec les prépositions composées (soit préposition simple + nom) comme e-kichen, war-dro, diwar-benn, da-heul on a : em c’hichen, war ma zro, diwar ma fenn, d’am heul.

 

-A.

            Provoquant les mutations adoucissantes, elle est indispensable après les adverbes suivants devant un nom :


Ø      Kalz a dud

Ø      Muioc’h a draoù

Ø      Nebeut a gig

Ø      Nebeutoc’h a baotred

Ø      Kement a win

Ø      Trawalc’h a drouz

Ø      Re a vanneoù

Ø      E-leizh a besked


 

-ABAOE, depuis, ne peut être utilisé que dans des expressions de temps ou de durée passés, ou plus précisément exprimant la durée passée qui sépare du moment présent

Ø      Abaoe pegoulz ? –Abaoe dilun.

Ø      Abaoe pegeit ? –Abaoe daou zevezh.

Pour les expressions de lieu on doit utiliser ADALEK.

 

-A-BENN est utilisé dans les expressions de temps à sens futur.

Ø      Gwelet e vo a-benn dilun.

Ø      Ar c’helenner en deus roet ur bern labour d’ober a-benn arc’hoazh.

Ø      A-benn pegoulz e vo gwerzhet kastell Chirac ?

Jamais on n’utilisera evit au lieu de a-benn dans les exemples ci-dessus.

 

-ADALEK, à partir de, s’utilise aussi bien pour le lieu que pour le temps, et souvent en duo avec betek.

Ø      Adalek ar beure betek an noz ne ra nemet debriñ chokolad.

Ø      Adalek Karaez betek Roazhon e oa erc’h war an hent.

 

-DA, de loin la préposition la plus utilisée en breton, provoque les mutations adoucissantes.

-Utilisation. On utilise la préposition da :

            1. presque systématiquement après le verbe mont et d’autres verbes de mouvement (dont, distreiñ, kas, degas), ce que certains étudiants oublient surtout, bien sûr, là où le français n’emploie pas de préposition, notamment devant un infinitif :

Ø   Aller à Dinan, mont da Zinan, et non * mont e Dinan.

Ø   Aller danser, mont da zañsal.

Ø    Envoie le promener, kas anezhañ da bourmen !

De même

Ø   Mont da zañsal d’ar festoù-noz, et non pas *er festoù-noz.

 

2. devant le complément d’attribution, après les verbes comme reiñ, gwerzhañ, prestañ, profañ, kas, degas, ainsi que lavarout, respont, diskouez, plijout, tamall, touiñ,

Ø      Ro ar pakad dezhañ.

Ø      Prest da Vercedes din.

 

3. devant un infinitif, après kregiñ, derc’hel (et kenderc’hel), paouez:

Ø      Dalc’h da vont.

Ø      Paouez da dennañ da deod.

 

4. avec certains verbes, comme doujañ, pokat, tennañ :

Ø      Tennañ a ra d’e dad. Il ressemble à son père.

Ø      Pok din, Amandin.

 

5. parfois avec le verbe bezañ, notamment pour exprimer un accord, un projet :

Ø      Me zo da ganañ gant Alan Stivell fenoz e New-York.

 

6. avec certains adjectifs comme prest, gouest, kustum :

Ø      Prest on da ganañ.

Ø      Kustum eo da gontañ gevier.

 

7. pour exprimer un avis une opinion, comme dans les expressions d’am soñj, d’am meno, ou simplement din :

Ø      Din eo ur genaoueg ha netra ken.

 

-Abus de la préposition da.

Sur l’exemple de l’emploi de la préposition de en français quelques étudiants voudraient introduire la préposition da là où elle n’a pas sa place.

 

1. Ainsi, jamais da devant les infinitifs (qui sont sujets) dans les constructions suivantes, avec ret, arabat, etc.,

Ø      Ret eo mont. Ret eo deoc’h mont.

Ø      Arabat eo debriñ er sal-mañ.

Ø      Difennet eo butuniñ e-barzh an ti.

Ø      Poent eo sevel.

 

2. Jamais da devant les verbes suivants, qui ont pour COD des infinitifs:

o       ankounac’haat (ankouaat) : ankouaet em boa pediñ ar maer

o       deskiñ : deskiñ brezhoneg, et donc deskiñ lenn, deskiñ dañsal.

o       gallout : Gallout a ran kompren, met n’hallan ket pardoniñ.

o       goulenn Goulenn an eur diganti. Goulenn diganti dañsal ganit.

o       gouzout : Gouzout a reont c’hoari.

o       hastañ : Hast buan dont amañ.

o       kinnig : Kinnig ober un dra bennak ( mais kinnig un dra bennak da ober)

o       klask : Klask dañsal ( mais klask unan bennak da zañsal)

o       krediñ : Ne gredan ket komz diraki.

o       lavarout : Lavar un dra bennak dezhañ. Lavarit dezhañ dont.

o       respont : Respont un dra bennak dezhañ. Respont dezhañ mont da sutal.

o       soñjal :N’en deus ket sonjet trugarekaat anezhi.

o       ainsi qu’avec d’autres verbes tels que deraouiñ, echuiñ,

Jamais da non plus devant ces infinitifs, qui sont sujets des verbes suivants :

o       fellout : Ne fell ket din respont.

o       plijout : Ne blij ket dezhañ dañsal.

 

3. Jamais da avec le verbe bezañ dans les cas suivants :

Ø      Bezañ o veajiñ. Bezañ en Amerika.

Ø      Bet on e Paris o welout Chirac.

 

4.      Jamais da avec le verbe goulenn, qui demande la préposition digant :

Ø      Goulenn an eur diganti.

Ø      Goulennet he deus diganin ha krampouezh zo c’hoazh.

 

5. Jamais da après evit, a-raok et les prépositions en général:

Ø      Evit klask. A-raok mont pelloc’h.

Cependant il est vrai que quelques prépositions se combinent avec da :

Ø      abalamour din, a-dreñv din, a-drugarez dit, a-us dezhañ, a-enep dezhi, a-wel d’an holl, en-dro dimp, enep dit.

 

-Confusion.

1. Certains étudiants

-voudraient utiliser la préposition ouzh là où il faut utiliser da :

Ø      Tennañ a rez d’az preur, tu ressembles à ton frère.

-utilisent da quand il faut utiliser une autre préposition. On ne dit pas :

Ø      *Digarezit din, mais digarezit ac’hanon.

Il y a donc confusion des compléments direct et indirect.

 

2. De même l’on n’utilisera pas da avec les verbes suivants :

Ø      Goulenn ur banne digant an tavarnour.

Ø      Soñjal a rin er paotr-se atav.

 

-DIGANT est une préposition d’origine, qui indique aussi l’éloignement. Elle s’utilise

1. surtout avec le verbe goulenn

Ø      Goulenn kant lur digant da dad.

2. de même avec d’autres verbes tels kaout, lemel, tennañ

Ø      Ul lizher am eus bet digant Napoleon.

Ø      Tenn e vutun digantañ.

3. Ne pas confondre prenañ dilhad da Soaz et prenañ dilhad digant Soaz, qui se traduiront semblablement en français.

 

-E.

1.      Utiliser e avec les verbes de mouvements, mont, dont, kas, degas, qui doivent être  suivis de da est une faute courante de débutants.

Ø      Mont a rin da Bondi arc’hoazh.

Ø      Dont a ra da Vreizh bep miz.

2.      Il existe une fâcheuse tendance à vouloir utiliser la préposition da là où il faut utiliser e (ou son dérivé e-barzh) :

Ø      Soñjal a rin en dra-se. Soñjit ennon. Je penserai à cela. Pensez à moi.

Ø      Hunvreet em eus ennout, j’ai rêvé de toi.

Ø      Fiziañs o deus ennon, ils me font confiance.

 

-EGET.

            Elle ne s’utilise jamais qu’avec le comparatif de supériorité  (exactement comme la préposition than en anglais) et ne doit donc pas être confondue avec evel, qui indique une égalité :

Ø      Brasoc’h eo tour iliz-veur Kemper eget karrigell ma zad-kozh.

Dans la langue parlée, hors du Léon, elle est remplacée par evit :

Ø      Kavet em eus unan sotoc’h evidout.

 

-ESTREGET.

Elle traduit parfaitement le gallicisme Ya pas que :

Ø      Estreget paotred zo war an douar, il y a autre chose que (il n’y a pas que) des gars sur terre.

Ø      Estregedout zo fin.

Notez que la phrase bretonne est affirmative alors que la tournure française la plus courante est négative.

En Trégor on utilise la tournure estroc’h evit au lieu de estreget. Voir aussi la préposition ouzhpenn.

 

-EUS

            C’est une erreur de ne pas utiliser eus dans les tournures suivantes :

Ø      An hanter eus ar baotred, ar c’hard eus ar merc’hed

Ø      An darn vrasañ eus an dud, et non *darn vrasañ an dud

 

-EVIT:

1.    Elle indique le but. Comparer :

Ø      Me zo deuet evit c’hoari, ha neket evit sellout ! Je suis venu pour jouer, et non pour regarder.

Ø   Me zo deuet da c’hoari , je suis venu jouer. Le but n’est pas aussi affirmé avec da que dans l’exemple ci-dessus avec evit.

2.    Rappelons qu’evit, avec le verbe bezañ à la forme négative, exprime l’impossibilité :

ØN’out ket evit kompren.

            3. Dans la langue parlée, hors du Léon, elle remplace la préposition eget dans le comparatif de supériorité

Ø      N’eus ket bravoc’h evidoc’h er vro-mañ.

            4. Evidon signifie aussi quant à moi, en ce qui me concerne.

Ø      Evidon n’in ket d’e eured.

 

-Abus et confusion.

1.      Pour moi, à mon avis se traduira par d’am soñj, d’am meno, ou simplement din.

Ø   Din eo ur genaoueg ha netra ken.

2. Confusion evit / a-benn.

On n’utilise pas evit avec une date. On dira :

Ø      Labour am eus d’ober evit ar c’helenner istor a-benn dilun.

Jamais *evit dilun ! La question * evit pegoulz n’existe pas en breton.

 

-GANT a de nombreuses utilisations, mais principalement celle de précéder le complément d’agent :

Ø      Pemp gwech eo bet gounezet Tro BroC’hall gant Bernard Hinault.

On utilise également gant devant un nom après kregiñ, derc’hel (et kenderc’hel), paouez:

Ø      Krogit gant ho labour. Dalc’hit gant an hent. Paouez gant da drouz.

 

-NEMET.

            1. Elle s’utilise le plus souvent avec un verbe négatif.

Ø      N’eus nemet krampouezh da zebriñ.

Ø      N’eus nemedon o labourat amañ.

Ø      N’az po nemet mont buanoc’h.

2. Dans la langue parlée on utilise fréquemment la négation ken avec ces formes sans que le sens ne change. On dira donc indifféremment :

Ø      N’eus nemet unan. N’eus ken ‘met unan.

3. Noter comment l’on répond à cette question négative :

Ø      -N’eus nemet ur gaouiad amañ ? -Nann, n’eus nemet unan. Ou : -Eo, re all zo c’hoazh !

 

Pour traduire le gallicisme Ya pas que, source de nombreuses erreurs, y compris à la radio, voir les prépositions estreget et ouzhpenn.

 

-O s’utilise devant un infinitif après

1. le verbe bezañ seul

Ø      Emaint o teskiñ brezhoneg gant ma mamm-gozh.

2.      des adjectifs ou participes passés, comme klañv, laouen, nec’het, plijet, skuizh, souezhet, spontet, trist, (o welout, o klevout …) :

Ø      Klañv on o welout ma breur o tispign arc’hant ma zad-kozh.

3.      des expressions comme Kaout aon, bec’h, diegi, displijadur, glac’har, mezh, plijadur, poan (oc’h ober udb) :

Ø      Plijadur am bez o klevout ar re yaouank o komz brezhoneg.

 

-OUZH,  préposition de lieu ( ouzh an nor, ouzh ar prenestr) est aussi utilisé

1.      avec les verbes sellout, sentiñ, difenn, diwall, mirout :

Ø      Sell ouzh ar plac’h-se, sell outi !

Ø      Ret eo dit sentiñ ouzh da vamm.

Ø      Difennet he deus ouzhimp mont er-maez.

Ø      Ret eo  diwall ouzh ar vignoned fall.

Ø      Mirit outañ da gousket.

2.      les adjectifs tost, heñvel :

Ø      Heñvel eo ouzh e vreur.

 

-OUZHPENN sert notamment à traduire le gallicisme Ya pas que :

Ø      Ouzhpenn paotred zo war an douar.

Notez que le phrase bretonne est affirmative alors que la française est négative.

Voir aussi la préposition estreget.

 


 

X.                 COORDINATION  & SUBORDINATION

 

-COORDINATION

1.      En règle générale les conjonctions de coordination ha, met, rak ne sont pas suivies du verbe conjugué :

Ø      Mont a rin da gousket da hanternoz ha  (ou met, ou rak) sevel a rin da deir eur.

 

2.      Cependant ha, pe, nemet, peuvent être suivis de e + verbe conjugué ( comme des adverbes donc) :

Ø      D’ar marc’had ez in hag e chomin da zebriñ e kêr.

Ø      Chom a rin en ostaleri nemet e teufe va gwreg da gerc’hat ac’hanon.

Ø      Pe e tebro pezh a vo pe e tremeno hep tamm.

 

3.      De plus ha et pe peuvent être suivis de a + verbe conjugué :

Ø      Ni a gano hag a zañso.

Ø      C’hwi a zebro pe a evo.

 

-SUBORDINATION

La construction des subordonnées est trop souvent mal assimilée en première année. Une révision systématique s’impose donc. Le livret MIL HA KANT LAVARENN [11] avec exercices de traduction et corrections, a été conçu pour travailler ce point particulier.

Sans vouloir le développer particulièrement ici, quelques rappels s’imposent au vu des erreurs répétées.

 

-Confusions

            Ne pas confondre pelec’h et e-lec’h ma, ni  pegoulz et pa :

Ø      Pegoulz ez i da Guba ? / Pa’z i da Guba e c’halli prenañ rom eus ar c’hentañ.

Ø      Pelec’h e labourit ? / N’hallan ket komz brezhoneg e-lec’h ma labouran.

Et un mignon petit proverbe :

Ø      E-lec’h ma staot ur c’hi e staot daou pe dri.

 

-La subordonnée circonstancielle.

Elle se conduit généralement comme un complément circonstanciel ordinaire, et peut donc être placée soit en fin de phrase, soit en début comme ci-dessous (notez alors les schémas Pa … e… , peogwir … e …, ma … e … ) :

Ø      Arc’hoazh / e tihunin abred.

Ø      Pa glevi bombard an amezeg / e tihuni.

Ø      Peogwir e karez ac’hanon / e c’hallez skaotañ al listri ganin.

Ø      Ma teuez ganin / e prenin madigoù dit.

            Après pa, peogwir (e), ma vient le verbe conjugué. La principale commence donc par le verbe, ici souligné.

 

-La subordonnée conditionnelle.

Ce type de subordonnées circonstancielles est étudié dans le manuel NAGB dès la kentel 30, explications accompagnées d’exercices de transformation.

Le cahier Troit e brezhoneg propose des exercices de traduction avec corrections.

 

-La subordonnée complétive

Certains voudraient appliquer les constructions « à l’anglaise » ( I want you to stay[12], I think you are sexy) au lieu de la construction bretonne :

Ø      C’hoant am eus / e chomfes ganin.

Ø      Sur on / e tlefes chom. D’am soñj / out gadalus.

Ø      Soñjal a ra din / e teskimp traoù nevez.

A ce sujet on pourra consulter une grammaire, ou la Kentel 30 de NAGB.

 

-La subordonnée interrogative indirecte.

Sous l’influence du français, les jeunes bretonnants ont tendance à utiliser ma, comme en vannetais, au lieu de ha ou hag-eñ, en tête de la subordonnée indirecte.

Ø      N’ouzon ket ha kompren a rez.

Ø      N’ouzon ket hag-eñ e komprenit.

La Kentel 37 de NAGB développe ce point et propose des exercices.

 

 

XI.              VOCABULAIRE.

 

Le sens et l’utilisation de certains mots sont souvent mal connus. Voici quelques exemples (corrigés !) collectés dans des devoirs d’étudiants de première année.

Les petits dictionnaires bilingues, trop succincts, ne donnent malheureusement pas toutes les précisions nécessaires à des étudiants (théoriquement) avancés.

 

¿     -A. Cette préposition française, comme les autres d’ailleurs, n’est évidemment pas traduisible littéralement.

ü      A la maison. Avec ou sans mouvement ? Il est impératif de savoir différencier d’ar gêr et er gêr.

ü      A Citroen, e ti Citroen ou da di Citroen.

ü      A la porte, à la fenêtre, ouzh an nor, ouzh ar prenestr, ou en nor, er prenestr.

ü      A là harpe Alan Stivell, Alan Stivell gant an delenn, ou o seniñ telenn.  Et surtout pas *d’an delenn comme parfois sur les ondes.

ü      Au niveau de la Bretagne, au niveau de l’Europe. E Breizh, en Europa sont assez clairs. On peut préférer war dachenn Breizh. Mais jamais * da live Europa, comme dans un document d’Ofis ar Brezhoneg.

 

¨      -Accord. Je suis d’accord avec le pape se dit a-du emaon gant ar pab. Mais si vous êtes seulement d’accord pour jouer au golf avec lui cela signifie que vous le voulez bien, et vous le lui ferez savoir en disant mat eo din c’hoari golf ganit, ou prest on da c’hoari golf ganit.

L’innovation *a-du evit n’appartient pas au registre du breton traditionnel.

 

¨      -Aimer :

¯        Ne garit ket ar merc’hed

¯        Ne blij ket deoc’h ar merc’hed

¯        Ne gavit ket plijus (brav) ar merc’hed.

¨      -Anavezout signifie connaître et reconnaître.

¯        N’anavezan ket an den-se.

¯        N’em boa ket anavezet ac’hanoc’h !

Ne pas confondre le participe passé anavezet avec anvet, du verbe envel.

¨      -Appeler : gervel ou envel ? La confusion de ces deux verbes ne peut pas vraiment témoigner d’une connaissance normale du vocabulaire indispensable à ce niveau.

¯        Galvet em eus George Bush pa oa o tremen dirak an Ti Kozh.

¯        Ya, ma c’hi zo anvet George Bush.

Espérons que les élèves de classes bilingues n’auront plus, au XXI è siècle, entre leurs mains des textes tels que celui où l’on a pu lire en l’an 2000 : *Ar C’halianed a veve e kêrioù galvet oppidum.

 

¨      -Apporter / emporter ? Kas indique l’éloignement, emporter, degas le rapprochement, apporter. Comparez le couple kas / degas et celui mont / dont.

 

¨      -Aucun. Ne pas confondre (en français) l’adjectif et le pronom. Je ne connais aucun étudiant, n’anavezan studier ebet. Je n’en vois aucun, ne welan hini ebet.

¨      -Aussi.  Il faut distinguer en français

1.      l’adverbe d’addition (aussi = également), généralement traduit par ivez, qui ne peut pas être le premier mot de la phrase :

¯        Te zo skuizh, me zo ivez.

2.      l’adverbe de conséquence (aussi = donc, par conséquent), traduit par a-se, rak-se, gant-se ou neuze :

¯        Klañv on, gant-se ne vin ket evit mont d’hoc’h eured.

3.      l’adverbe d’égalité, traduit par ken :

¯        Ken sot ha me out !

 

¨      -Bien. On ne peut pas le traduire par mat dans les expressions suivantes :

ü      Je veux bien aller avec vous, mat eo din mont ganeoc’h.

ü      J’irais bien ( = volontiers) me coucher, mont a rafen a-walc’h da gousket.

¨      -Ben oui ! Pour certains il suffit de dire *ben ya, qui évidemment n’est pas breton. On préférera feiz ya, ou ac’hanta ya. -Ben quoi ! Petra zo ?

 

¨      -Casse-pieds, torr-penn. Bel exemple de traduction non littérale.

¨      -Chez. Avec ou sans mouvement ? On dit bezañ e ti Soaz, mais mont da di Soaz.

 

¨      C’hoarzhin, rire, et mousc’hoarzhin, sourire sont les seuls verbes dont l’infinitif est en in, prononcé /in/, à ne pas confondre avec ceux en iñ, prononcé /ĩ/, tels debriñ, deskiñ, etc.

 

¨      -Casse-pieds, torr-penn. Bel exemple de traduction non littérale.

¨      -Comme si, evel pa + conditionnel.

Ø      C’hoarzhin a rez evel pa gomprenjes un dra bennak.

¨      -Comment.

Bien des apprenants ont, comme d’ailleurs certains présentateurs de radio, tendance à utiliser penaos, sur le modèle du  comment français, là où il faut souvent utiliser petra.

ü      Comment ! Tu n’as pas honte ! Petra ! ‘Peus ket ‘vezh ?

ü      Comment ça s’appelle ce truc-là ? Petra a vez graet ouzh se ?

 

Quand on cherche un nom on utilisera petra din-me, ou piv din-me pour les personnes, pelec’h din-me pour le lieu, jamais penaos.

Ø      Ar petra din-me nevez-se zo torret abaoe dec’h.

Ø      Ar re-se o doa prenet o Mercedes digant piv din-me, a zo bremañ o chom en Elize…

 

¨      -Demander à : goulenn un dra bennak (udb) digant unan bennak (ub), ou ouzh ub, et non *da ub, comme sur la publicité d’un disque de musique bretonne.

¨      -Se demander se traduit par klask gouzout ou en em c’houlenn. Voir plus loin les « pronominaux ». Mais on dit aussi :

Ø      Daoust piv a c’hallfe sikour ac’hanon, je me demande qui …

¨      -Déjà est généralement traduit par dija. Mais dans une phrase interrogative on préférera utiliser ur wech bennak.

¯        Bet oc’h o skiañ war ar Menez Bre ur wech bennak ?

¨      Devoir recouvre plusieurs notions.

1. L’obligation :

ü      Je dois prendre un cachet par jour, rankout a ran (ou ret eo din) kemer ur c’hached bemdez.

2. La probabilité :

ü      Il doit être rentré à cette heure-ci, er gêr e tle bezañ d’an eur-mañ.

3. La dette :

ü      Il me doit cent francs. Kant lur a zle din

 

¨      Dire que.

ü      Dire que ce soûlard va se marier ! Pa  soñjan emañ al lonker-se o vont da zimeziñ!

 

¨      Diwall signifie

1.      protéger :  diwall loened, diwall e vro, diwall bugale, c’est dans ce sens qu’il signifie garder (ne pas confondre avec garder, conserver, mirout) ;

2.      faire attention, c’est à dire se protéger soi-même : Diwallit, paotred ! Faites attention, les gars ! Diwall da revr, gare à tes fesses ! Mais on ne dit pas *ober diwall, récente invention de faux-bilingue, calquée sur le français.

3.      Attention aux prépositions : diwall ouzh an den-se, fais attention à (protège toi de) cet homme. Diwall da gouezhañ, attention de ne pas tomber.

 

¨      -Donc. Il faut distinguer en français

1.      l’adverbe d’insistance, traduit par eta (ou enta, ou ‘ta), qui suit le mot, ou groupe, sur lequel il porte :

¯        Ev chistr ‘ta Laou ! Perak ‘ta ?

2.      l’adverbe de conséquence (donc = par conséquent), traduit par a-se, rak-se, gant-se, parfois neuze :

¯        Torret en deus e vrec’h, gant-se n’eo ket prest da vont da zañsal.

 

¨      -Dont exprime

a) soit une tournure possessive :

ü      L’homme dont le fils a été tué … An den eo bet lazhet e vab…

b) soit une tournure prépositionnelle :

ü      La chambre dont vous sortez … Ar gambr emaoc’h o tont er-maez anezhi…

 

¨      -Empêcher qqu de faire qqc, mirout (ou herzel) ouzh ub a ober  (ou da ober) udb.

¯        Ne virin ket ouzhoc’h da vont kuit.

ü      Je ne peux pas m’empêcher de trembler, n’hallan ket mirout a grenañ.

 

¨      Faire.

On ne peut pas traduire systématiquement faire par ober.

ü      Faire attention à qqc (de dangereux), diwall ouzh udb

ü      Faire (ou prêter) attention à qqc, teurel evezh ouzh udb

ü      Faire du bateau, bageal.

ü      Faire chauffer de l’eau, lakaat dour da dommañ

ü      Faire du cheval, mont war varc’h, marc’hegañ.

ü      Faire comprendre, savoir qqc, reiñ udb da gompren, da c’houzout

ü      Faire une chute, tapout ul lamm.

ü      Faire la différence entre deux choses, gouzout ar c’hemm etre daou dra.

ü      Faire la gueule, bouder, mouzhañ

ü      Faire l’imbécile, ober, c’hoari e damm genaoueg.

ü      Faire lever la pâte, lakaat an toaz e go.

ü      Faire de la lutte, gouren.

ü      Faire de la plongée sous-marine, splujañ dindan vor.

ü      Faire rire, lakaat ub da c’hoarzhin, ou ober da ub c’hoarzhin.

ü      Faire le tour de la maison, ober, c’hoari an dro d’an ti.

 

¨      -Faillir. Plusieurs tournures permettent de traduire ce verbe.

ü      J’ai failli tomber.

Ø      Darbet e oa din kouezhañ.

Ø      Hogos e oa din kouezhañ.

Ø      Prest a-walc’h e oan kouezhet.

 

¨      -Faute ne peut pas être traduit systématiquement par fazi, qui signifie erreur. Dre fazi, par erreur. Dre ma faot, de ou par ma faute.

 

¨      Kar, parent (pluriel kerent), et karr, charrette, voiture (pluriel kirri) ne doivent pas être confondus, ni gar, jambe ( au pluriel divhar, ou divesker), et gar, ou ti-gar, gare.

 

¨      Confondre gallout, pouvoir, et gouzout, savoir, n’est pas faire preuve de connaissances très sûres.

 

¨      -Genoux : « s’asseoir sur les genoux de qqu » se dit azezañ war varlenn ub. Les daoulin ne servent qu’à s’agenouiller, daoulinañ.

 

¨      -Jamais.

1. Dans une phrase négative, on utilise les adverbes biskoazh dans un sens passé, biken dans un sens futur, et gwech ebet ou morse au présent comme dans tous les cas. Voir au chapitre Adverbes.

 

2. Dans une phrase interrogative, quand jamais signifie déjà, on ne peut pas utiliser biskoazh (ni biken, ni morse).

Ø      Bet out e Molenez ur wech bennak ?

 

¨      -Lune. De la Terre on ne voit qu’une lune, ul loar. Quand il y a plusieurs lunes, deux dans un mois par exemple, il s’agit de lunaisons, loariadoù.

 

¨      -Mais oui, ya ‘vat. -Mais si, eo ‘vat. -Mais non, nann ‘vat, dans certains cas.

¨      -Maintenant que, bremañ pa et non *bremañ ma.

¨      -Mettre du temps à faire qqc, bezañ ur pennad oc’h ober udb.

 

¨      Mont, aller, signifie aussi devenir, se transformer. Ur stêr aet da ganol, une rivière transformée en canal, devenue canal. De même dans les expressions mont da veleg, mont da gozh, mont da get, ainsi qu’avec dont, dont da zen.

 

¨      -Non plus.

Il se traduit généralement par ivez dans une phrase négative.

Ø      N’out ket savet abred, ha me n’on ket ivez.

Dans des phrases elliptiques (sans verbe) on aura :

Ø      -N’em eus ket c’hoant da sevel. -Na me ivez.

Eviter donc d’utiliser ken nebeut, qui signifie aussi peu.

 

¨      Ober entre dans la composition de nombreuses locutions, voir Ar Geriadur Brezhoneg[13]. On dira comme en français,

Ø      ober kafe, krampouezh, tan.

Ø      ober un dro, ur gwele

Mais *ober diwall n’existe pas.

 

¨      -Oublier ne se traduit pas par ankounac’haat, an kouaat ou disoñjal s’il est question d’un objet.

Ø      Ankouaet em eus kemer ma mantell, mais

Ø      Chomet eo ma mantell war ma lerc’h er fest-noz.

 

¨      -Pas possible ! expression d’étonnement, se traduire généralement par biskoazh kemend-all !

¨      -Pendant toute (la journée, la semaine, l’année) se traduit simplement par e-pad ou a-hed :

Ø      E-pad an deiz. A-hed ar bloaz.

*E-pad tout…, de création récente, et entendu sur certaines ondes, est une hideur inutile, à ne pas imiter.

 

¨      -Permettre à qqu de faire qqc peut signifier deux choses :

ü      donner la permission, donc reiñ aotre d’ober, permetiñ, aotren ober

ü      procurer l’occasion, donc reiñ tro (tu) da ub d’ober udb

 

¨      -Poisson. Si un poisson est bien ur pesk, du poisson est pesked. Manger du poisson, debriñ pesked fresk.

¨      -Pour. On ne peut pas traduire systématiquement pour par evit. On demande evit piv ? mais

ü      A-benn pegoulz ? Pour quand ?

ü      A-benn dilun, pour mardi.

 

¨      -Pourquoi pas ? Au lieu de perak pas ou perak nann on peut le traduire par petra ‘virfe (qu’est-ce qui empêcherait ?) ou perak + conditionnel. Ainsi

ü      Pourquoi pas une femme ? Perak ne vefe ket ur vaouez ?

ü      Pourquoi ne pas manger ? Perak ne zebrfemp ket ? ou Ha ma tebrfemp ?

 

¨      -Problème. C’est un mot utilisé à toutes les sauces en français, depuis les années 60 semble-t-il. Même si « résoudre un problème » peut se traduire par diskoulmañ (ou dibunañ) ur gudenn, il faut éviter de traduire systématiquement problème par kudenn (écheveau).

ü      Yann a des problèmes avec les mutations, bec’h (ou poan) en devez Yann gant ar c’hemmadurioù, les problèmes étant ici un fardeau, des difficultés (bec’h) forcément passagères, qui donnent parfois bien du mal (poan).

ü      Avoir du mal, des problèmes avec qqu, kaout d’ober gant ub

ü      On en a des problèmes avec ceux-ci, d’ober e vez gant ar re-mañ

ü      Où est le problème ? Pelec’h emañ an dalc’h ?

ü      C’est ça le problème, aze emañ an dalc’h.

ü      Ce n’est pas un problème, n’eo ket ur pezh afer, ur gwall afer.

ü      Il y a un problème. Cela pose problème. Un draen zo.

ü      J’ai un problème, nec’het on, tapet berr on, diaes on, lakaet on diaes.

ü      T’as un problème ? N’eo ket mat dit ? Diaes out ?

ü      Pas de problème ? Mat eo ? Mat an traoù ? Mat evel se ?

ü      Pas de problème pour lui, plaen eo an traoù dezhañ.

 

¨      -Pronominaux. Les verbes pronominaux français ne se traduisent pas systématiquement par en em + verbe.

Ø      Se laver, en em walc’hiñ, donc en em walc’hiñ a ra a-wechoù, mais il se lave les pieds, gwalc’hiñ a ra e dreid.

Ø      Se dire à soi-même : larout dezhañ e-unan, ou plus simplement soñjal. Se dire l’un à l’autre : larout an eil d’egile.

 

¨      -Que : il est impossible de traduire un tel mot hors de son contexte. S’agit-il de plus que, rien que, autant que, autre que, avant que ? Eviter donc de les confondre et de traduire chaque fois par ma ou eget !

¨      -Quelconque. Ne confondez pas l’adjectif indéfini (quelconque = n’importe quel) et le qualificatif (quelconque = commun) : Il est très quelconque, un den dister ( ou boutin) eo.

¨      -Quoi.

Le kwa si répandu, du français quoi, a pourtant des équivalents en breton :

Ø      Ur pemoc’h gouez, petra, hag ur pezh hini !

Ø      Ha goude, kea, em eus ranket dañsal  gant an tad-kozh.

 

¨      -Sortir. Sortir de la maison, mont e-maez an ti, ou er-maez eus an ti. Sortir, ne pas rester chez soi : mont tu bennak, mont eus ar gêr, na chom er gêr. Je sors le dimanche, ne choman ket er gêr d’ar sul. Sortir en boite : mont d’ar boestoù-noz. Elle sort avec le fils de l’évêque, emañ (ou ajolbet eo) gant mab an eskob.

 

¨      Tour : tour, et clocher, dans tour Plouenan.

 

¨      -TOUT. Il n’est pas besoin de le « traduire » par toud, ni même par holl, le breton ayant suffisamment de tournures particulières qui ignorent et l’un et l’autre. Quelques exemples, parmi une centaine d’autres, devraient suffire à illustrer cette assertion :

 

ü       Tout ceci, tout cela. Kement-mañ, kement-se, au lieu de l’horrible *toud se diffusé sur certaines ondes.

ü      Tout ce que, tout ce qui. Au lieu de tout pezh, on préfèrera kement (comme dans kement tra, ou kement hini).

Ø      N’on ket evit krediñ kement tra a lavarez.

Ø      Ne vo ket ret dit evañ ur banne gant kement hini a weli.

ü       Tout le monde, pep hini.

ü       Tout le long de la route, a-hed an hent.

ü      Tout neuf, tout jeune. Nevez-flamm, yaouank-flamm.

ü      Tout petit, bihanik, qui existe d’ailleurs comme nom de famille. Les tout petits, ar re vihanik ou ar re vihanañ, et non pas *ar re vihan-toud, récente invention bien malencontreuse.

ü      Toute la journée, toute l’année, e-pad an deiz, e-pad ar bloaz, ou a-hed an deiz, a-hed ar bloaz.

 

ü       A tout jamais, da viken, da virviken.

ü       Avant tout, tout d'abord, da gentañ-penn.

ü       Ce n'est pas tout de rire, n’eo ket a-walc’h c’hoarzhin. On pourra tirer profit de ce charmant proverbe : N’eo ket a-walc’h staotat er piñsin ha mont er-maez da c’hoarzhin !

ü       C'est tout, voilà tout. Echu eo, ou netra ken, mann ebet ken valent bien setu toud.

ü      De tout temps, a-viskoazh, a-holl-viskoazh.

ü      Et tout et tout, ha kement tra zo, ha me ‘oar petra c’hoazh.

ü      Un point c'est tout. Mat pell zo. Ha mat hag echu.

 

¨      -Vouloir. Distinguer s’il s’agit

1.    -d’une proposition à boire ou manger :

v     Ur banne gwin az po ?

v     Ur banne laezh a yelo ganit kentoc’h ?

2.    -d’un souhait, atténué (par le conditionnel) ou non,

-avec le verbe karout

v     Petra a garfes ober ?

v     Gra evel a gari

-avec la tournure mat eo din

v     Mat eo dit dont ganimp ?

3.    -d’une simple envie

v     Petra ‘t’eus c’hoant d’ober bremañ ?

On notera que l’envie peut être exprimée de façon atténuée, par pudeur selon certains[14], par l’imparfait, ainsi dans un magasin :

v     Me ‘m boa c’hoant da gaout meskl, mar plij.

4.    -d’une ferme volonté avec fellout ou mennout, verbes de constructions différentes :

v     -Petra a fell dit ober ?

v     -Ni a venn stourm.

 


 

EN CONCLUSION

 

Tout le monde fait des fautes de language, même les enseignants.

Mieux vaut en avoir conscience, qu’en avoir honte, cela peut être plus productif. Mais il faut connaître et savoir reconnaître ses erreurs, si l’on veut améliorer la qualité de sa « production linguistique », orale comme écrite, ce qui devrait être l’objectif de tout étudiant.

De même il serait regrettable que des « professionnels du breton », enseignantsou non, aient cessé d’étudier leur langue de travail, la langue qui les nourrit.

 

S’il est souvent vrai que ceux qui parlent beaucoup et par plaisir s’expriment bien mieux que ceux qui ne le font que rarement et par obligation, c’est loin d’être une règle absolue, le débit n’est évidemment pas garantie de qualité.

 

Brezhonegañ gwell pe well. Parler breton à qui mieux mieux.

Les pages qui précèdent avaient pour objectif d’aider l’étudiant qui a choisi de se perfectionner. Nous estimons qu’elles ne peuvent qu’y contribuer.

Pour ceux qui enseignent à nos enfants, pour ceux qui font profession d’utiliser le breton en public, dans les média par exemple, ce ne devrait plus être une affaire de choix, non mais bien évidemment un devoir.

 

 

 

 

Mark Kerrain

04/06/02 19:50



[1] Avoir étudié un manuel ne signifie pas automatiquement en avoir assimilé le contenu.

[2] Peut-on être bilingue quand on ne parle pas breton ?

[3] On ne recommandera jamais assez la lecture des meilleures œuvres littéraires.

[4] Publié par TES, Sant Brieg.

[5] Faut-il rappeler que jamais l’on ne peut trouver le son /k/ après l’article ?

 

[6] Publié par Sav-Heol, 19 A straed Brest, 35 000 ROAZHON

[7] Chanson rendue célèbre par Alan Stivell.

[8] Chanson moins connue recueillie au XIX è siècle par François Luzel, publiée dans ses Sonioù Breizh Izel.

[9] Chant traditionnel.

[10] Publié par Sav-Heol, 19 A straed Brest, 35 000 ROAZHON

 

[11] Publié par Sav-Heol, 19 A straed Brest, 35 000 ROAZHON

[12] Seule construction de ce type : Emeur o c’hortoz anezhañ da vervel, on s’attend à ce qu’il meure.

[13] An Here

[14] Trésor du Breton Parlé, tome 1, Jules Gros.